Ce matin, en voyant la mer pour la première fois, j’ai su que je méritais ce voyage. Si je bûche pour y arriver, je penserai à la vue paradisiaque qui s’offrait à moi. À l’odeur de la crème solaire, le bruit des vagues, le sable qui glisse entre mes orteils et puis le soleil couvrant mon corps. Je sais que je suis venue ici dans un but précis et en regardant l’océan et son infinité, j’ai compris tellement de choses. Que je suis capable d’accomplir quelque chose si je le veux réellement, que les barrières ne sont pas nécessaires. Je n’ai pas reculé cette fois-ci et je suis venue toute seule dans un bel univers. Je ne ressens pas cette boule au fond de ma gorge, celle qui me bloquait le respire. Je me sens bien, je me sens libre. Cette liberté, la vraie, celle qui m’ouvre de nombreuses portes. J’avais peur de m’affronter, de vouloir réussir et de ne pas y arriver. Je sais que le bonheur, on peut se le permettre quand nous sommes maître de notre vie. Des défis, j’en aurai tout au long de ma vie et la seule façon d’avancer, c’est de foncer tête première. Je veux être fière de qui je suis, avoir le mérite de réussir parce que j’aurai eu cette volonté. Quand on est vulnérable, on se dit qu’on a juste ce qu’on mérite de négatif, mais je ne veux plus agir ainsi, être dépendante d’un thrill. J’ai eu la chance d’être passée dans un tourbillon de souffrances et je ne regrette rien. J’avais besoin de me perdre pour mieux me retrouver. J’ai eu beaucoup d’aide. Sans mes petits anges, je ne serais pas en train de profiter de ce paradis, mais la seule personne qui pouvait m’aider, c’était moi.
J'ai donné tout un coup de barre dans ma vie dernièrement
Pis j'ai jeté par dessus bord ma job pis mes tourments
J'ai pris un billet pour Cuba
Je ne sais pas ce que je vais y faire, mais je comprendrai rendu là-bas
Je sais je me suis poussée au bout du monde, je suis désolée d'être aussi loin
Faut commencer par faire le vide pour espérer refaire le plein
Je sais exactement ce que je fuis, mais je ne sais pas ce que je vais trouver
Je suis sa trace de qui je suis pis je vais bien finir par me rattraper
Dans un bout de temps, j'irai mieux par en dedans
Y paraît que ce qui nous tue pas nous rend juste un peu plus fort
Le peuple de l'au-delà doit être rempli d'amoureux morts
La vie c'est jamais comme on pense, comme on veut ou comme on souhaite
Paraît qui faut juste faire confiance
Et qu'on comprend toujours mieux après
Pis un jour j'ai compris que pour mon propre bonheur
Fallais que je me laisse toute seule, toute seule avec ma tempête
Le goût que ça m'a donné m'a fait crier à en avoir la voix rauque
Quand j'irai mieux que la lumière sera revenue dans mes yeux
Dans un bout de temps
Je suis revenu de Cuba…Sans doute, j'ai changé
J'ai retrouvé le chemin, sous mes pas, pis y m'éloigne de toi
Ainsi va t’on vers demain vivre le moment présent
Des fois main dans la main pis d'autres fois toute seule pour un bout de temps
Lundi 13 avril : Je me découvre une bosse dans le front. Plus la journée avance et plus cela enfle.
Mardi 14 avril : Je me réveille en panique. La fameuse bosse a pris du volume, c’est alarmant. Mes lèvres sont enflées. Je suis une genre d’Angelina Jolie en lendemain de brosse. Les pires scénarios se font une place dans ma tête. Une dame rencontrée au déjeuner me donne des Bénadryl. Par la suite, je vais voir l’infirmière de l’hôtel pour me rassurer. Hélas, c’est le contraire qui arrive, elle veut m’hospitalier. Finalement, elle me dit de prendre des Bénadryl et de revenir le lendemain pour une injection et pour avoir une consultation avec le médecin. Je comprends à moitié ce qu’elle dit. Elle ne parle aucunement français et un petit peu en anglais. De plus, elle parle aussi vite que Louis-José Houde, mais en espagnol.
Mercredi 15 avril 9 h 45 : J’attends à la clinique. Le front est moins pire, mais j’ai les paupières enflées, j’ai de la difficulté à ouvrir les yeux. À 11 h, je suis toujours en train d’attendre. Je perds patience et la nurse m’apprend que le médecin vient d’avoir une crevaison. Tabarn... Je commence à brailler de découragement et j’ai peur d’avoir attrapé quelque chose de grave. Je suis si laide, je ressemble au monstre dans les Goonies. Mes yeux coulent, c’est collant. Ça va descendre jusqu’à ma gorge et je vais crever. Au moins, j’espère qu’ils feront une cérémonie sur la plage, belle place pour mettre fin à ma vie. Au moins, je crèverais avec un beau bronzage. Je sors de mon imagination quand je vois la femme médecin arriver. Il est 12 h 20. Après quelques minutes en compagnie du médecin, celle-ci quitte. (75 pesos) La nurse me fait mon injection dans une fesse. (que j’ai serré…donc j’ai eu le tout directement dans le muscle…outch…25 pesos) Par la suite, elle me donne des pilules à prendre. (35 pesos) Je dois revenir demain pour voir si ma défiguration est mieux.
Jeudi 16 avril : L’enflure est maintenant sous les yeux. Je panique solidement, on dirait que cela va éclater. Je rencontre un gars de Toronto qui me dit que son oncle est mort de ça à Cuba il y a quelques années. Je m’en vais en braillant. Je panique encore plus. Je retourne voir la nurse. Elle n’aime pas mes yeux que je crois comprendre. Une autre injection…aussi peu délicate que la dernière. Et là, l’attente…vais-je crever ?
Vendredi 17 avril : Après plusieurs jours de défiguration, me voilà mieux. Mon front n’est plus du tout enflé, mes yeux à peine et mes « poches d’eau » semblent diminuer. Je ne crèverai pas ici.
La différence entre avant et maintenant, c'est que j'ai tout apporté avec moi, je n'ai rien laissé chez nous pour le reprendre en à mon retour. Et je dois juste comprendre certaines choses avant de tout lancer dans les vagues. Je le ferai le dernier jour de mes vacances parce que j'ai besoin d'analyser avant de m'en débarrasser. Et je le ferai sans aucun regret parce que j'aurai compris que je peux vivre sans...et là, je pourrai sourire, un sourire sincère.
Voilà
Bisouilles
Eli XxX